GENEVE: Plus le mensonge est gros, mieux il passe!
Accusée à tort de bloquer la construction de logements à Genève, l’ASLOCA se défend. Explications.
Après la manifestation du 28 septembre 2013, le syndicat des propriétaires diffusait un communiqué de presse dans lequel il prétendait que la pénurie de logements était organisée par l’ASLOCA. Il brandissait de prétendues preuves comme Sanson sa mâchoire d’âne: SOVALP et la Paumière.
1. Pont-Rouge à Lancy
En mai 2010, le Grand Conseil a déclassé le secteur situé au Pont-Rouge à Lancy (PL 10568). Sur ce périmètre au coeur du projet Praille- Acacias-Vernets (PAV), l’Etat prévoyait la construction de 550 logements et de 4000 à 5000 bureaux. L’ASLOCA avait alors rappelé que l’Etat ne pouvait pas prétendre lutter contre la pénurie de logements tout en continuant à planifier des surfaces administratives sans prévoir où loger les futurs salariés. Une politique du logement conséquente doit en effet reposer sur le principe 1 emploi/1 logement. L’ASLOCA a ainsi exigé que ce principe admis pour les autres secteurs du PAV prévale aussi à SOVALP.
Face au refus de l’Etat, l’ASLOCA a saisi les tribunaux pour faire appliquer ce principe et pour que le nombre de logements à construire à SOVALP soit sensiblement augmenté.
2. Chêne-Bougeries
Il en va de même de la prétendue seconde preuve. Le Grand Conseil a voté, le 16 novembre 2012, le déclassement de plusieurs parcelles à Chêne-Bougeries. Cette décision doit permettre la réalisation de plusieurs centaines de logements.
Les débats parlementaires ont été difficiles, des députés libéraux proches des milieux immobiliers ayant souhaité que ces terrains ne soient pas soumis au contrôle des loyers. Une majorité s’est toutefois dégagée pour que les futurs logements ne fassent pas d’emblée l’objet d’une spéculation.
Recours des propriétaires
Les propriétaires voisins ont recouru contre cette décision, avec l’aide de leur avocat par ailleurs magistrat PLR, au motif que ces nouvelles constructions seraient inesthétiques. Une procédure judiciaire est actuellement en cours et risque de durer plusieurs années encore. Les autorités communales à majorité PLR se sont également opposées à ce projet.
Pour la Chambre immobilière et son secrétaire général ancien député, absent lors du vote, le retard pris n’est en rien le fait de ces propriétaires et de leurs représentants politiques, mais de l’ASLOCA, au motif que le rapport aurait été déposé en retard.
Les milieux immobiliers se trompent de cible et accusent l’ASLOCA et les locataires des maux causés par ceux qu’ils défendent. Ils ne peuvent souffrir que les locataires s’organisent pour faire valoir leurs droits. Pour le syndicat des propriétaires, un locataire n’a d’autre droit que de se laisser tondre et de se taire.
Hommage à Bernard Corboz
L’ASLOCA Genève rend hommage à l’ancien procureur général bernard corboz, qui s’est éteint le 24 septembre 2013. Lorsqu’il exerçait cette fonction, de 1985 à 1990, ce magistrat veillait à ce que les locataires ne soient pas évacués par la force publique s’ils ne disposaient pas d’une solution de relogement. Cette pratique, décriée par les milieux immobiliers, faisait honneur à la justice genevoise, que Bernard Corboz dirigeait alors.