GENÈVE – Praille-Acacias-Vernets: Le roi est nu!
Lors de la mise en consultation du plan du futur quartier Praille-Acacias- Vernets, le Conseil d’Etat a annoncé qu’il n’allait pas respecter les engagements pris en faveur des locataires. L’ASLOCA n’est pas d’accord!
Le Conseil d’Etat a mis en consultation le plan du futur quartier Praille-Acacias- Vernets (PAV). Il a saisi cette occasion pour annoncer qu’il n’entendait pas respecter les engagements pris en faveur des locataires.
Rappel historique
Le PAV est l’un des plus importants secteurs industriels du canton. En 2005, son devenir avait fait l’objet de l’attention du gouvernement. Mark Muller, ancien conseiller d’Etat en charge de la construction, avait rêvé d’y créer une sorte de City à la genevoise.
Une loi prévoyant de réaliser quatre fois moins de logements que de bureaux avait ainsi été déposée puis adoptée par le Grand Conseil. L’ASLOCA, notamment, s’y était opposée, pour éviter que la crise du logement ne soit aggravée. Le référendum lancé avait abouti et contraint les autorités à négocier.
En mars 2010, un accord avait été conclu puis matérialisé par la loi (10788) acceptée par le Grand Conseil à l’unanimité des députés, moins des abstentions UDC et MCG. La loi 10788 est une victoire importante pour les locataires puisqu’elle contient le principe «un emploi – un logement» et exige que toutes les constructions faites sur les terrains de l’Etat soient destinées à répondre aux besoins de la classe moyenne et des personnes à faible revenu. Le PAV devait ainsi être consacré à la réalisation de logements locatifs et d’utilité publique. Il se démarquait en cela des trop nombreux projets destinés à réaliser des logements à vendre, inaccessibles à 80% des habitants du canton.
L’Etat encaisse…
Avec l’acceptation de la loi 10788, la valeur des terrains de l’Etat a considérablement augmenté. Ce dernier a utilisé cette manne providentielle pour équilibrer ses comptes. Ainsi, aujourd’hui, cette plusvalue n’est plus disponible pour permettre la réalisation du PAV.
Au motif que l’accord conclu avec l’ASLOCA et accepté à l’unanimité du Grand Conseil avait été mal pensé, le Conseil d’Etat a annoncé qu’il n’entendait pas le respecter et qu’il souhaitait construire moins de logements sociaux et réaliser des logements destinés à la vente. Pour tenter de donner une teinte acceptable à cette décision, le gouvernement invoquait la mixité sociale, selon une approche connue: la mixité sociale doit permettre de réaliser des propriétés par étages à la place des logements sociaux et jamais des logements sociaux à la place des propriétés par étages.
En réalité, l’Etat cherche à faire payer aux futurs habitants du PAV les frais de relogement des entreprises qui se trouvent dans ce secteur et la réalisation des infrastructures publiques.
L’ASLOCA a clairement indiqué qu’elle n’accepterait pas cette modification qui ne sert pas les intérêts des personnes qui cherchent à se loger. Ces dernières n’ont pas à être mises à contribution comme locataires, alors qu’elles l’ont déjà été comme contribuables. L’Etat ne doit pas se servir de la pénurie de logements pour faire payer aux locataires les tâches du service public.