GENEVE – Politique du logement: Tout le monde à la droit de vivre à Genève
En démantelant les instruments juridiques antispéculation, les milieux immobiliers forcent les bas salaires à quitter Genève.
Les subprimes ont permis aux milieux immobiliers américains de faire des bénéfices pharaoniques. En développant l’accession à la propriété sans lien avec la capacité financière de la population, les promoteurs ont vendu à crédit. Ces dettes ont été transformées en produits financiers écoulés sur les marchés. La suite est connue: les épargnants, les futurs retraités notamment ont beaucoup perdu lorsque les propriétaires n’ont pas pu rembourser.
L’accession à la propriété préconisée par les milieux immobiliers a démontré les risques qu’elle fait peser sur la société.
Du côté de Genève
A Genève, la mémoire des déboires de la Banque Cantonale est également vive. Cette politique du logement ne devait donc pas réapparaître de sitôt. Et pourtant, les milieux immobiliers s’y risquent de nouveau et tentent de démanteler les instruments juridiques antispéculation. Ceux-ci ont été pour l’essentiel à Genève le résultat de votations populaires et d’initiatives de l’ASLOCA. En parallèle, le conseiller d’Etat Christian Grobet, soutenu par les locataires, menait une politique en faveur de logements locatifs abordables.
Pour assurer des profits les plus élevés possibles, les milieux immobiliers genevois attaquent la protection des locataires et les lois antispéculation. Leurs représentants au Grand Conseil se battent pour que les terrains à construire ne soient plus soumis à celles-ci. Ils agissent aussi sur le parc locatif existant, surtout les appartements à loyer abordable. Sous prétexte de permettre aux locataires d’acheter, ils organisent un durcissement des conditions d’accès au logement. Ils ont rédigé la loi 11408, que l’ASLOCA combat et qui fera l’objet d’une votation le 5 juin 2016. Si cette loi était adoptée, pour se loger, il faudrait disposer de suffisamment d’argent pour payer les loyers abusifs pratiqués dans le canton, et en plus de suffisamment de fortune pour acheter à terme l’appartement. Or moins de 20% des Genevois en ont les moyens et sont souvent déjà propriétaires.
Les milieux immobiliers prônent une forme de ségrégation sociale. Ils soutiennent qu’en construisant des logements abordables l’Etat engrange moins d’impôts qu’avec des villas et des PPE de standing. Ronald Zacharias, député et bailleur, affirme sur son blog de la Tribune de Genève que Genève n’a pas besoin de plus de logements, mais de plus «de contribuables aisés (person nes physiques et morales) et d’une fiscalité durable» et non pas confiscatoire. Dès lors il convient de faire place à la création de logements en zone ordinaire et en zone «villas pour des contribuables importants, créateurs d’emplois, qui souhaitent s’installer dans notre canton».
En défendant les locataires contre les congés et les loyers abusifs, par ses initiatives et ses référendums et bien que l’Office cantonal de la statistique n’ait pas mené pour le moment d’enquête sur les motifs des flux migratoires, l’ASLOCA continue de se battre contre cette volonté de faire de Genève un ghetto pour riches et de forcer les salariés à revenus modestes à partir en France ou dans le canton de Vaud.